Résumé de l’éditeur
Au sud de l’Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d’une voie ferrée… Ninny, quatre-vingt-six ans, se souvient et raconte à Evelyn les histoires incroyables de Whistle Stop. Et Evelyn qui vit très mal l’approche de la cinquantaine et sa condition de femme rangée, découvre un autre monde. Grâce à l’adorable vieille dame, elle peut enfin se révéler, s’affirmer… Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d’humour. Un baume au coeur, chaud et sucré.
Ce que j’en ai pensé
J’ai découvert Fannie Flagg avec La dernière réunion des filles de la station service lu cet été dans le cadre du Summer Challenge du club de lecture de Mango & Salt.
Dans ce beau roman, on suit Evelyn Couch, une femme de cinquante ans qui vit un amour passionné et passionnant avec son mari. Elle le dit elle-même :
Elle n’était pas sûre de beaucoup aimer Ed, mais elle tenait suffisamment à lui pour ne pas avoir envie de le perdre.
Comme ces deux lignes vous le confirment, sa vie est un conte de fée, une histoire de princesse et de son prince charmant, qu’elle dévore à pleine dents ! Son mari regarde le foot plus qu’il ne la regarde elle, elle n’a jamais pris le temps pour elle, ne s’aime pas, se dévalorise, a eu des enfants pour ne pas être accusé de ne pas être fertile, simule pour ne pas être traité de frigide, s’écrase et se laisse marcher dessus par tout le monde… Bref, Evelyn n’est faite pour Plus Belle la Vie (OK, là, je sors).
Au beau milieu de ces joyeusetés de la vie, et alors qu’elle songe de plus en plus à utiliser le pistolet de la maison pour en finir, elle va faire la connaissance d’une vieille femme dans la maison de retraite où elle visite sa belle-mère. Ninny Threadgoode va lui raconter sa vie entre 1920 et 1950 environ. A travers ce récit qui s’étale sur plusieurs mois et plusieurs visites (coriace la belle-mère !), Evelyn va se rendre compte que la vie est belle et mérite d’être vécue. Elle va s’accepter, penser à elle, s’aimer, et s’épanouir !
Ninny nous emmène avec elle, en même temps qu’Evelyn, pour revivre ses folles aventures de femmes qui ont su se faire une place, parmi les hommes, au fin fond de l’Alabama. Elle nous racontera ses deux amies Ruth et Idgie, un couple de femmes avec un petit garçon qui tiennent un café où on mange de délicieux beignets de tomates vertes (nous y voilà). Un café ouvert à tous (blancs et noirs), un café avec une Idgie qui a du clito (excuse my french) et qui ne se laisse pas marcher dessus. Une rebelle au grand coeur qui lutte contre le racisme ambiant de ce bel état d’Alabama et son coton…
On retrouvera aussi les petits mots de Dot Wheems, la postière qui tient une petite gazette, qui parle bien plus souvent de sa « chère moitié » que d’actualités de la ville. Et tous les autres que je vous laisse découvrir (ou pas si je vous ai déjà perdus)
Discrètement, ce roman aborde le thème de l’homosexualité féminine et de lutte contre le racisme. En 1920-30-40, les Noirs n’avaient pas le droit d’aller dans les mêmes restaurants, transports, entreprises, écoles… que les Blancs. Ils vivaient dans une ville à eux, leur ghetto, à côté de celle des Blancs. Chacun de son côté et on ne mélange pas les torchons et les serviettes, des fois que… (attention, je parle bien des Etats-Unis du début du XXe siècle, pas de l’idéologie récente (et glaçante) de Trump). Idgie et Ruth s’attirent les foudres du KKK en côtoyant des gens de couleur, qui sont leurs amis, leurs clients. Elles sont en avance sur leur temps et, si elles avaient existé, auraient sûrement fait partie de ces femmes qui se sont battues pour nos droits à nous les femmes, les droits des afro-américains et les droits humains en général.
L’histoire est triste mais belle. Un roman qui redonne confiance et qui redirige vers les vrais problèmes. Un récit qui redonne le moral et remonte l’estime de soi-même. Et c’est encore un bel hommage rendu aux femmes 😉
Je suis ravie d’avoir acheté Miss Alabama, un autre roman de Fannie Flagg qui a rejoint ma PAL courant août 😀
Ma note : 4/5
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