Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Ma note : Coup de coeur

Fiche technique et résumé de l’éditeur

Titre : Alabama 1963
Auteurs : Ludovic Manchette et Christian Niemiec
Éditeur grand format : Cherche Midi
Date de sortie grand format : 2020
Éditeur poche : Pocket
Date de sortie poche : octobre 2021
Nombre de pages : 352 pages

Résumé : Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent…
Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime.
Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge : « Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… »
Deux êtres que tout oppose. A priori.
Sous des airs de polar américain, Alabama 1963 est avant tout une plongée captivante dans les États-Unis des années 1960, sur fond de ségrégation, de Ku Klux Klan et d’assassinat de Kennedy.

Ce que j’en ai pensé

Le premier chapitre a été la première claque de cette pépite. Dans l’indifférence la plus totale, le cadavre une petite fille noire est parcouru par un scarabée qui passait par là, grimpant par dessus sa culotte descendue aux chevilles sans plus d’émotion. D’une froideur à glacer le sang pour ce que cette petite a subi, des sévices à l’abandon dans la mort. Le racisme touche même les cadavres. Alabama, 1963. La ségrégation est légèrement en recul aux États-Unis mais pas encore dans cet état à tendance plutôt raciste à l’époque.

Hélas, la police ne se démène pas pour trouver le coupable de ce meurtre. C’est plutôt l’indifférence qui règne chez les Blancs. Adela Cobb est femme de ménage de couleur. Elle a bien entendu appris l’horrible nouvelle et les disparitions qui suivent. Sa condition de femme noire est terrifiante à chaque phrase. Ses patronnes sont racistes à un point inimaginable. Leurs animaux sont mieux traités, c’est dire. 1963, pour ceux qui aiment cette période de l’histoire américaine, auront noté que c’est l’année de l’assassinat de JFK. Mais aussi de sa Présidence et notamment de son discours sur les droits civiques et l’égalité de tous les Hommes, quelle que soit leur couleur de peau. Bref, avec une pincée de KKK, on nage en plein combat racial en parallèle de ces meurtres et disparitions de petites filles. Un roman choc à plusieurs degrés !

De son côté, Bud Larkin, ancien flic viré des forces de l’ordre pour avoir tué son coéquipier sans faire exprès (raide bourré) est râleur et alcoolique. Son petit déjeuner à treize heures du matin est constitué de deux verres de whisky. Minimum. Un matin, Adela se présente à son cabinet de détective privé pour une place de femme de ménage. Une blague des anciens collègues. Sauf que ce duo complètement atypique et qui n’a rien pour fonctionner va détonner dans ce récit ! Bud accepte de chercher le meurtrier pour les parents d’une des petites filles et Adela est la clé pour ouvrir les portes des maisons des Noirs qui ne veulent pas avoir à faire avec ce vieux Blanc grincheux et raciste avec son Stetson vissé sur la tête.

Un roman noir profondément poignant d’un point de vue très local avec les assassinats des petites filles et collectif pour toute la communauté noire qui subit au quotidien des gestes et des paroles racistes insoutenables.

Bref, une révélation (et ça tombe bien : c’est le nom de la collection dans laquelle est sorti ce roman chez Pocket)


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Commentaires

3 réponses à “Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec”

  1. Avatar de laplumedelulu
    laplumedelulu

    Ta chronique me fait baver pour changer, Lucile, j’ai failli le prendre hier soir pour le commencer, et finalement, mon choix s’est porté sur « s’adapter ou mourir ».
    Une chronique encore magnifique que tu n’as pas écrite raide bourrée. Merci à toi

    1. Avatar de Luciole

      Merci Valérie ! ta lecture est dans ma PAL 😉

      1. Avatar de laplumedelulu
        laplumedelulu

        Figure toi que j’en étais certaine.
        Ça commence sur les chapeaux de roues de mon côté. Antoine Renand tape très fort encore une fois.
        Des bises à toi Lucile

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